Trois apprentissages de la première année sans bourse étudiant en France


Je me souviens d'une de mes premières classes à l'université où un enseignant a parlé des opportunités d'échange international. Les gens étaient excités, interpellés par la proposition. Je me souviens qu'il y avait encore plein de bourses étudiantes à l'époque. La plupart des salles de licence, master et PhDs étaient remplies de vétérans qui parlaient soit de l'endroit où ils étaient allés, soit où ils iraient, et qu'il faudrait prendre des bourses parce que c'était sûr et certain que le gouvernement allait les couper.

Cette même année, la situation financière de ma famille avait atteint le point où l’on choisit quelle facture payer et laquelle retarder. L'année où je suis entré à l'Université était la même année où, pour la première fois, l'argent manquait pour le transport et la nourriture. L'assistance sociale de l'UFMG m'a fourni une aide basique, ce qui m'a été très utile, mais insuffisant pour me donner la tranquillité d'esprit pour étudier. D'une certaine manière, je savais que si je voulais venir en France, ce serait un chemin plein d'obstacles de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Et c'était ainsi. J'ai fait du vélo pour arriver à l'UFMG en passant par la route la plus dangereuse de Belo Horizonte, l'Anel Rodoviario, et j'ai passé des journées entières à faire du porte-à-porte à la recherche d'un travail ou d'une bourse d'initiation scientifique.

J'ai voulais constamment partir. L'acte de fuir les défis a été, est et sera toujours le moyen le plus facile, le plus confortable et le moins douloureux. Mais cette année que j'ai passée ici en France, à travailler et à étudier, en maintenant la conscience à un niveau où il est possible de gérer le temps et de surmonter mentalement chaque difficulté, n'aurait pas été possible sans être passé avant à l'UFMG.

Un mois avant de prendre l'avion, je rêvais continuellement que j'étais en France. Plusieurs jours je me suis même réveillé en sueur au milieu de la nuit. J'ai essayé d'apprendre tout ce qu'il était possible, chaque chemin, chaque trait culturel, chaque tabou, chaque personnalité, chaque pensée. Quand je suis arrivé en France, j'ai été accueilli par deux personnes. Gabriel, un grand ami et Isabelle, la personne à qui j'ai loué une chambre à 50 minutes de Paris pour payer la moitié du prix d'un loyer normal (loyer moyen à Paris en vivant seul = 700 euros). Elle a été très gentille de me rencontrer à l'aéroport, de m'aider à travers tout mon processus comme étudiant en France, tous les documents, les CV, les conseils et les risques possibles, et j'ai essayé de leur retourner le bonheur qu'ils m’ont apporté. C'est peut-être la première leçon: une leçon d’altruisme.

Plus vous vous donnez à quelqu'un ici, plus cette personne vous donne. C'est une relation saine qui ne dépend pas des attentes ou des jugements. C'est une aide simple sans rien attendre en retour, qui change toute votre relation avec les gens autour de vous et ce que vous ressentez dans l'environnement qui vous entoure.

Il est également vrai que, dans les mois qui sont passés, j'ai réalisé à quel point j'étais dépendant des gens autour de moi. J'ai perdu toute référence de qui je suis, et toutes mes valeurs si bien construites au Brésil n'étaient plus vraies. Les gens les plus proches qui prenaient soin de moi, qui me connaissaient et dont je savais qui ils étaient, ces gens-là étaient de l'autre côté de l'océan. Parfois, je pensais que toute la solitude que je ressentais était la faute des différences culturelles, mais ce n'était pas le cas.

En fait, les cultures française et brésilienne sont très proches. Et encore plus proches quand quelqu'un entend le mot "Brésil". Dans l'esprit de la personne, le lien entre le Brésil, le carnaval, le football et le bonheur est instantané. Donc, dans tous les endroits où nous arrivons, nous sommes très bien reçus - parce qu'après tout, nous avons très bien accueilli ces gens dans notre maison-pays.

Dans l'ensemble des bonnes choses, des mauvaises, des intersections et des choses n'appartenant pas à ces groupes, l'incertitude était toujours ce qui me dérangeait le plus. Ne pas être sûr de l'heure de parler, quoi dire, d'être mal compris, d’avoir quelque chose à manger, d’avoir un endroit pour dormir, ne pas avoir le contrôle sur sa situation personnelle, académique, professionnelle ou financière pour obtenir le meilleur possible dans le temps disponible. J'ai appris une leçon d’égoïsme.

C'est dans la solitude complète de l'inconnu que le doute s'aggrave. C'est pourquoi c'est important. La chose importante dans ce temps a été de me renforcer toujours dans mes convictions en trouvant des réponses en moi, ou en mes amis pour les doutes sur les manières d'être.

Peut-être que je suis trop optimiste. Je vois clairement une ligne de facteurs, de décisions et de petits détails qui composent ou qui vont composer mon avenir ou ce que je veux qu'il soit. Et peut-être que tout est une question de perspective. C'est peut-être naïf pour vous mais s’il y a une personne que j'ai vraiment écouté ces années, c'est ma mère. Pour les choses qu'elle n'a jamais dites.

Elle ne m'a jamais critiqué de manière destructrice, ne m'a jamais dit que je n'étais pas capable. Elle ne m'a pas dit de garder les pieds sur terre quand je suis monté haut ni quand je suis tombé de haut. Elle ne se moquait pas de mes idées folles, ni n'utilisait des mots qui me blessaient. J'ai eu la chance d'avoir des excellents parents, de toujours avoir de bons exemples de valeurs et de regard sur la vie. Ce fut un privilège de venir en France en tant qu'étudiant, ce qui facilite le processus et réduit encore le prix ou rend le transport, le logement et la nourriture gratuits. Une situation complètement différente de toutes les personnes fuyant les guerres qui sont dans les rues de Paris cherchant ces trois éléments mentionnés. Cherchant la paix. Autrement dit, chaque difficulté est minuscule. Le troisième apprentissage : le même tableau est complètement différent si on le voit d’un côté ou de l'autre de la pièce.

Le privilège d'être ici est unique et ne vient pas sans responsabilités. Ce n'est pas seulement un voyage, ni seulement un diplôme, une ligne pour faire grandir le CV ou une opportunité de gagner de l'argent.

C'est ce que vous voulez que ce soit. Ce sont les portes que vous ouvrez, les contacts que vous établissez et la façon dont vous voulez vous y rendre. C'est une chance d'élargir vos perspectives. C'est une occasion d'utiliser votre privilège et votre nouvelle perspective pour changer la vie des autres.

Et finalement, j'ai appris à être plus responsable. Pour les autres autour de moi, pour ce qu'ils ressentent mais surtout pour qui ils sont. Cette quatrième leçon est venue à la suite des autres. La France, ou plutôt les français, enseignent une précieuse leçon de vie.

Il ne faut jamais oublier le facteur humain.

Si il y a une chose dangereuse qui se passe dans ce monde, c'est que les matériaux, les ordinateurs, les loyers des chambres et des bureau sont plus chers que les humains qui utilisent des matériaux pour construire et qui utilisent des ordinateurs pour créer et qui utilisent des espaces pour coexister.

Il y a quelque chose qui se passe en France en ce moment, c'est que les gens se sont tellement spécialisés dans leurs métiers - sans traduction pour le portugais, bienvenue dans le groupe de traducteurs pour ce mot - que le coût du travail est environ 5 fois plus cher qu'au Brésil. Cela a deux effets. Le premier est que beaucoup d'argent circule, tout le temps. Le second est que les gens deviennent précieux. Chaque personne devient un investissement sérieux et pas un objet jetable. Un actif et pas un passif d'une entreprise ou d'un système. Peu importe où elle se trouve dans la pyramide de la société - même si sa nationalité est parfois prise en compte - elle a sa valeur.

Dans la photo ci-dessus, je ne sais pas si tu as remarqué, mais je suis flou. Cette première année était comme ça. J'ai essayé de m'intégrer, en essayant toujours de me fondre dans le paysage, en essayant de m'adapter à qui ils sont ou à qui ils pensent être.

Mais ça n'importe pas, mon cher lecteur ou ma chère lectrice.

Ce qui importe aujourd'hui et à l'avenir, ça sera toujours Qui vous êtes.

Comentários

  1. Filho, sempre acreditei que você chegaria longe, você é do tamanho dos seus sonhos. Você vai chegar onde acreditar que pode. Eu te amo muito.

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