Inégalités dans le monde : Le cas brésilien

 

Territoire Brésilien avec résultat des élections par ville
Vert=Bolsonaro (droite) et Rouge=Haddad (gauche)
Source : Nexo Jornal (https://www.nexojornal.com.br/)

J’aime la science. C’est un amour qui ne dépend pas de ses différentes formes ou de ses divers domaines, je l’aime dans sa totalité. Le raisonnement que j'ai eu pour parvenir à cette conclusion est très simple et je vais vous l’expliquer. Il y a des disputes au Brésil sur la différence d’opportunités provoquée par les inégalités financières du pays. Une partie du pays pense que les personnes riches fournissent les emplois et elles doivent être protégées. Une autre partie pense qu'elles doivent être obligées à payer plus d'impôts et que ses privilèges doivent être réduits. Le pays est brisé au milieu entre deux extrêmes (image).

Le nouveau président du Brésil - Bolsonaro - se manifeste contre les aides sociales, les bourses sur critères sociaux aux Universités, contre l'Université gratuite - au Brésil tout l'enseignement supérieur est gratuit - et contre toute intervention de l'État dans l'économie. Par exemple, l’aide sociale brésilienne cible les familles qui reçoivent moins de 85 reais (environ 20 euros) par personne/mois pour qu’elles mettent leurs enfants à l’école. Elles reçoivent entre 20 et 50 euros par mois pour que toute la famille puisse survivre – ou plus, justement pour sortir de l'extrême pauvreté telle que la définit l’ONU.

Si on regarde le salaire moyen au Brésil, il est d’environ 400 euros. C'est vrai que par rapport à la France ce n'est pas un bon salaire, mais pour le Brésil, cela est suffisant pour se permettre les petits plaisirs de la vie. Pourtant, pour tout vous dire, ce n’est pas comme cela qu’on doit regarder ni le Brésil ni le monde. Au Brésil, 6 personnes possèdent l’équivalent de la moitié de la richesse du pays. Ces 6 personnes peuvent dépenser 1 million par jour et il restera encore de l'argent pour 36 ans. Pour comprendre le monde, il ne faut pas qu'on se ferme sur des moyennes statistiques ou des discours télévisés. On peut le comprendre en parlant avec un étranger.

En revenant à nos moutons, pour éclairer le débat, la science a fait des avancées lors des derniers mois. Parler des inégalités est très important mais justement, ce débat est basé sur des préjugés. Il y a quatre mois, un article abordant ce sujet est paru dans la revue Nature (1). Les chercheurs de l’Université du Minnesota en collaboration avec les chercheurs de l’Université du Colorado Boulder ont prouvé que les gènes stimulant la facilité d’apprentissage - « le gène de l’apprentissage » - étaient partagés par l’ensemble de l’humanité, indépendamment du niveau de richesse.

La partie la plus intéressante de cette étude est constituée par le travail d’un autre chercheur de l’Université de New York, M. Kevin Thom (2). En se basant sur les données des 1.1 million de personnes étudiées pour la rédaction de l’article paru dans Nature, il montre que parmi les personnes ayant « le gène de l’apprentissage », 24% des personnes issues de familles défavorisées réussissent à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur, au contraire des 63% pour celles issues de familles aisées. De plus, les personnes issues de familles aisées n’ayant pas ce gène y parvenaient pour 27% d’entre elles – pourcentage plus important que pour les 24% provenant de familles pauvres mais ayant une facilité à apprendre. Ainsi, l’étude montre que les origines comptent plus que les compétences pour expliquer la réussite ou non.

L'héritage est un des moteurs de l’inégalité. L’inégalité crée un frein énorme pour le développement économique à cause des intérêts personnels qui ne sont pas forcément liés au développement humain. Ce qui détruit notre monde et encourage notre autodestruction. L’inégalité a créé une population qui n’a ni la chance de vivre ni la chance de survivre. Elles sont ad infinitum emprisonnées à réfléchir à comment trouver de l’argent pour pouvoir manger le lendemain.

La science nous donne des réponses à des questions qui ne cessent de faire débat. Mais bon, maintenant qu’on a quelques réponses, que manque-t-il pour commencer à agir ?

(1) Link article Nature : https://www.nature.com/articles/s41588-018-0147-3
(2) Link article Kevin Thom : https://www.nber.org/papers/w25114